Peggy Porquet, en transmission

Transmettre. Une valeur revendiquée par Peggy Porquet, cofondatrice et rédactrice en chef du magazine digital francophone Fild (ex-GlobalGeoNews). Elle a d'abord beaucoup observé et écouté. « Je faisais partie d’une époque où la chance était donnée aux jeunes. Il suffisait d’être curieux et méthodique pour évoluer et apprendre. Mais les métiers de photojournaliste et de journaliste, je les ai aussi appris par le biais de mentors qui étaient dans la transmission », confie l’ancienne rédactrice en chef photo de Corbis-Sygma. Elle garde notamment en tête les enseignements des photojournalistes Maria Mann (Sygma) et d’Estelle Veret (Reuters).

Née à Conflans-Sainte-Honorine (Île-de-France), Peggy Porquet étudie l'histoire médiévale à l’université Paris-Nanterre, mais a toujours eu une forte sensibilité pour la photo. Après avoir « tâtonné pendant la vingtaine », elle parvient en mars 2000 à intégrer Corbis-Sygma, fleuron du photojournalisme français racheté par Bill Gates en 1999.

Parcours sans faute

Assistante export, rédactrice photo, rédactrice en chef photo. En seize ans, Peggy Porquet affiche un parcours sans faute au sein de l’agence. Déterminée, mais surtout grande gueule, au point même de défendre ce qui fait l’essence du photojournalisme auprès de la direction américaine. « Je suis battue pour que la culture photojournalistique soit toujours une partie intégrante de l’agence, car j’avais le sentiment que la direction voulait démocratiser un peu l’image numérique. Or selon moi, une image de terrain n’est pas une image d’illustration. Elle a pour vocation de raconter une histoire forte, de témoigner et pas seulement d’habiller un texte », insiste celle qui visionnait un flux de 3000 à 6000 photos par jour.

Empathique

Peggy Porquet a appris à gérer la logistique de ses reporters blessés exerçant parfois dans des zones à risques en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient, voire des prises d’otage. « Si vous paniquez vous perdez 50 % de l’information. Vous n’êtes pas préparée psychologiquement à ce type d’exercice, mais au fur et à mesure, cela devient un acquis. Les angles des sujets sont préparés avant de se rendre sur le terrain et il y a notamment des protocoles de sécurité à suivre deux fois par jour », explique-t-elle avant d’ajouter « être dans l’empathie et dans l’humain est très important face à ces professions à risque ».

Après le rachat de l'agence par Getty, elle cofonde avec Emmanuel Razavi, le pure player GlobalGeoNews (aujourd’hui Fild) spécialisé dans le journalisme de terrain. Elle supervise désormais un réseau de 80 grands reporters, correspondants et chercheurs répartis aux quatre coins du monde. Pour Peggy Porquet, l'heure est venue d'apporter son expérience. « Transmettre et être fier de ce que l’on produit » sont aussi les qualités d’une rédactrice en chef.