Production
Connue pour sa société Frenzy Paris, Elsa Rakotoson cultive avant tout la passion de l'image. Dans un milieu patriarcal, la productrice observe un changement des mentalités.

Devenir son propre patron est à double tranchant. Il y a des libertés qui paraissent séduisantes sur le papier mais qui impliquent des concessions. « J’ai une charge mentale énorme, c’est très stressant d’être manager, j’ai, depuis, décidé de m’associer à deux collaborateurs pour déléguer ». En 2009, alors qu’elle s'était exilée en Asie à la suite d’une mésaventure personnelle, Elsa Rakotoson est rattrapée par deux amis qui lui proposent de monter une boîte de production. Même si l’association n’a pas lieu, elle se lance à 29 ans dans l’aventure en solo en créant Frenzy Paris. «Je me suis révélée, j’ai compris que c’était ce que j’aimais faire. J’ai eu du bol aussi. J’ai commencé par la réalisation du clip de Lily Allen, Fuck you, qui est devenu viral. » 

Passionnée de l'image

Même si elle se prédestinait à une carrière dans la mode, du moins dans le milieu artistique, ses parents l’ont poussée à faire une école de commerce. « Mon copain de l’époque m’a glissé l’idée de me lancer dans la production, cela mélangeait mon côté organisé et ma formation académique. » Une idée qui a germé et qui s’est concrétisée en 2003 par la rencontre de Bandits ; « une des plus grandes boîtes de production française de l’époque ». Elle commence en tant qu’assistante de production. Très vite, elle fait ses preuves. Outre une spécialisation dans les shootings de luxe et de beauté, elle a aidé la boîte à signer de nouveaux réalisateurs. D’ailleurs son « oeil » lui permettra de produire son premier clip pour Seb Janiak. En 2006, elle migre chez U-Man où elle comprend très vite le potentiel des films digitaux.

Au risque de tomber dans le feminism-washing, il est important de souligner sa position en tant que femme à la tête d’une entreprise dans un milieu où prédominent les hommes. Une coïncidence que son équipe soit à 80 % féminine ? « Certes, je suis féministe mais je ne fais pas de discrimination positive à l’embauche. Seulement, pour les postes que je cherchais, les femmes étaient meilleures. » Elle voit d’ailleurs une lueur d’optimisme dans la jeune génération qui n’a pas peur du plafond de verre et pourra prendre sa suite. « La production est un métier où on vieillit mal, il faut rester aguerrie, ce n’est pas évident à 40 ans. Je pensais qu'à cet âge j'aurais acheté une maison dans mon pays d’origine, Madagascar, mais j’ai envie d’aller plus loin. » Pourtant, elle refuse d’être vue comme une boulimique de travail ; elle est plutôt une passionnée de l’image. Mais la cheffe d’entreprise court partout. Déjà, ses collaborateurs l’appellent pour la prochaine réunion. À son huitième mois de grossesse, elle plaisante - à moitié - sur son congé maternité tardif. « Je garde tout de même des horaires normaux, je dîne avec ma fille le soir. Pour manager, il vaut mieux ne pas être fatiguée. »

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