Alors qu’elle s’apprêtait à devenir avocate, Julie Yan a pris un autre chemin pour monter une entreprise à Pékin. Son parcours dans le monde de l’entreprenariat l’amène à fonder, il y a moins d’un an, Anya, sa maison de thé haut de gamme.

Anya est l'anagramme du nom de famille de Julie Yan. Ce mot signifie également la paix et la grâce en chinois, ainsi qu'en hindi. C’est l’appellation que la franco-chinoise a choisie pour sa maison de thé haut de gamme, créée en fin d’année 2022. « J’ai toujours baigné dans cette culture. Ma famille est originaire du Yunnan, une région en Chine où a été découverte cette boisson aromatique, il y a 5000 ans », dit-elle le sourire aux lèvres. Julie Yan était destinée à une carrière d’avocate dans le droit des affaires, jusqu’à un rendez-vous qui lui fera rendre compte qu’elle se trouve du mauvais côté de la table : « J’ai plus la personnalité d’un créateur que d’un conseiller. Même si le métier d’avocat est très stimulant, je me voyais servir un projet et le développer selon mes envies et mes aspirations », poursuit-elle, son thé à la main. Elle souhaite lancer une entreprise, mais ne sachant pas dans quoi s’orienter, l’entrepreneure rencontre des patrons, afin de demander conseil sur les secteurs sur lesquels investir. « Il y a eu un consensus, tous m’ont fait comprendre que j’ai la possibilité d’atteindre le marché chinois de par ma double culture. » En 2015, elle s’envole pour Shanghai et travaille dans une boutique qui conseille les boîtes en investissement financier, où elle réalise des études de marché. À force d’expérience, la créatrice remplit son carnet d’adresses, et se résout à monter son propre tour-opérateur à Pékin.

Les années passent, son business fonctionne, si bien que l’entreprise Karavel approche Julie Yan pour l’intégrer dans le groupe. Elle devient directrice générale Asie pendant presque deux ans. « Il faut savoir quand partir », et pour la fondatrice d’Anya ce fut le cas juste avant la crise du covid. L’envie de se challenger, motivée par cette période où elle occupait un poste « confortable », l’anime. Après moult réflexions, l’idée de monter Anya coule de source. « Il y a beaucoup de grands crus chinois qui sont méconnus en Europe, j’avais envie de les faire découvrir. C’est aussi une façon de rendre grâce à ma famille », exprime-t-elle. Elle travaille avec cinq jardins tenus par des producteurs locaux qu’elle connaît de longue date. Plus que de vendre du thé – pour le moment uniquement en ligne –, c’est également une expérience sensorielle qui est proposée avec la possibilité d’assister à une cérémonie de thé. « C’est un art imprégné de la philosophie asiatique. Chaque geste a son sens, tout est codifié. C’est un endroit de communion que nous proposons à nos clients sur invitation », décrit-elle. Une mélodie jouée à la cithare chinoise accompagne ce moment hors du temps, permettant à la marque de se démarquer d’autres concurrents. Après plusieurs pop-up stores, l’objectif pour l’année prochaine est d’ouvrir un local qui fera bar à thé le jour, et bar à cocktail la nuit. À côté de son activité, Julie Yan est vice-présidente d’une association à Singapour de musique classique. Passionnée par les arts, le goût du raffiné, la philosophie transmise par ses parents, dont son père avec qui elle rédige un livre qui reprend sa thèse, elle savoure l'épanouissement personnel d’avoir trouvé son inspiration quotidienne avec Anya.