Audiovisuel
Les trois médias de France Médias Monde, France 24, RFI et Monte Carlo Doualiya, ont franchi cette année la barre des 50 millions d'abonnés sur Facebook et Twitter, toutes pages confondues, soit une progression de 49% en un an. Retour avec Marie-Christine Saragosse, PDG, sur ce développement numérique. La publicité fait aussi partie des grandes lignes de son contrat d'objectifs et de moyens 2016-2020.

Vous avez annoncé vouloir augmenter de 15% les ressources propres de France Médias Monde dans votre COM 2016-2020 alors même que l’effort budgétaire public double (+1,9% par an). Comment comptez-vous obtenir ce développement de ressources propres ?

Marie-Christine Saragosse.Tout d’abord, je tiens à préciser que cet objectif correspond à la même augmentation que celle déjà atteinte dans le cadre de notre précédent COM entre 2013 et 2015. D’ici à 2020, nous prévoyons d’obtenir ce nouveau développement de ressources propres par la réouverture de l’accès à la publicité de marque pour RFI en Ile-de-France, à l’instar de ce qui a été accordé à Radio France dans son cahier des charges il y a un an. Nous prévoyons aussi un décrochage de France 24 à destination de l’Afrique francophone qui permettrait un parrainage d’émissions dans cette zone. Enfin, nous allons poursuivre la monétisation des contenus numériques de France Médias Monde sur tous nos sites, applications mobiles et sur les réseaux sociaux où nous sommes toujours plus performants.

 

Quelle est le poids de votre groupe sur le numérique et dans l’univers de la mobilité ?

M.-C.S. A travers France 24, RFI et Monte Carlo Doualiya, nous avons 100 millions de téléspectateurs et d’auditeurs en linéaire, en audience cumulée hebdomadaire, et 35 millions de contacts numériques chaque semaine. Les deux tiers de ces fréquentations numériques se font par la mobilité. 40% vient des langues étrangères. L’avantage d’une appli en vietnamien, par exemple, c’est qu’elle peut s’écouter partout au sein de la communauté vietnamienne, qu’elle a une diffusion par delà les frontières... C’est une source de liberté car le gouvernement ne peut pas nous couper un émetteur comme cela arrive parfois en Afrique…



France 24 a fêté ses dix ans le 6 décembre. Quelle est sa place sur le mobile ?

M.-C.S. France 24 est née avec la génération connectée et a joué très vite avec la dimension participative. C’est le premier média français sur Facebook, avec 18 millions d’abonnés, et 12 millions de gens nous suivent sur Twitter. Cela fait au total trente millions d’amis ! Le concept participatif est au cœur de la mutation que l’on vit. A travers les Observateurs, ce sont des citoyens qui attirent l’attention d’une rédaction. On les retrouve en français, anglais, arabe et persan et, depuis la Cop 21, il y a des Observateurs du climat. C’est d’ailleurs parce qu’il trouvait France 24 très dynamique en anglais sur les réseaux sociaux que Mashable nous a approché. Avec ce site, il s’agit d’informer, de divertir mais aussi d’inspirer une cible jeune de moins de 35 ans. Nous avons lancé le site début avril avec le fonds de Google et nous sommes arrivés à plus d’1 million de visiteurs uniques en octobre avec deux mois d’avance. L’objectif est de parvenir à l’autofinancement fin 2018.



France 24 sera aussi diffusée en espagnol 6 heures par jour en septembre prochain

M.-C.S. Oui, la chaîne sera distribuée dans 3 millions de foyers. Ce sera un troisième signal où les six heures seront à compléter avec la chaîne en anglais ou en français. Nous aurons aussi un site en espagnol que nous voudrions « natif vidéo ». Nous organiserons des formations sur mesure pour les journalistes.



Outre cette chaîne, qu’attendez-vous du contrat d’objectifs et de moyens (COM) que vous allez signer avec l’Etat pour 2016-2020 ?

M.-C.S. La mobilité et les réseaux sociaux étaient déjà au cœur du précédent COM. Là, on ne pense rien sans inclure le numérique. C’est une dimension industrielle où l’on teste pour apprendre, où l’on se développe en mode projets avec de la vidéo mobile. On fournit ainsi trois fois par jour un journal vidéo mobile tout en images à Franceinfo. Les journalistes de RFI font d’ailleurs de la vidéo. Il y a également un axe de modération et d’animation : il faut être capable de modérer l’audience face à des insultes et des menaces. Il faut renforcer notre mission de service public auprès des jeunes. Si on ne va pas chercher les codes de cette génération, si on lui apporte pas de repères, toutes les manipulations sont possibles. Outre Mashable, il y a RFI Savoirs ou le nouveau site RFI Musique, conçu « mobile d’abord », fruit d’un partenariat avec Deezer pour l’écoute en ligne, avec une base de 400 artistes francophones.



Vous voulez valoriser des initiatives citoyennes?

M.-C.S. Oui, je crois beaucoup à l’Internet citoyen, à cette idée que les gens savent mieux que vous ce qui leur est utile. Nous avons obtenu de l’Union européenne un budget pour un site « InfoMigrants » que nous développons avec Deutsche Welle et l’agence italienne Ansa. Nous avons aussi lancé RFI Challenge App Afrique dans la santé qui a permis de retenir sur 649 projets l’idée d’un Malien, Cheikh Oumar Bagayoko, sur un diagnostic à distance. On peut citer aussi Mondoblog, la plateforme de blogueurs francophones de RFI en pleine action au Sommet de la francophonie de Madagascar....



Le COM prévoit aussi « une présence ciblée en France »...

M.-C.S. Oui, la ministre de la culture et de la communication, Audrey Azoulay, a demandé au CSA de réserver une place à RFI dans les appels lancés en radio numérique terrestre sur Strasbourg, Lyon et Lille. Nous avons aussi dans notre cahier des charges la mission d’expliquer le monde à nos concitoyens. Aujourd’hui, nous ne sommes diffusés qu’à Paris. Il s’agirait des premières fréquences pérennes sur le territoire national accordées à RFI depuis 1993.

Le mobile, 50% des contacts numériques 

A travers France 24, RFI et Monte Carlo Doualiya, France Médias Monde revendique 100 millions de téléspectateurs et d’auditeurs en linéaire, en audience cumulée hebdomadaire, et 35 millions de contacts numériques. La moitié de ces fréquentations numériques se fait par la mobilité.

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