Numérique
Depuis l’an 2000, Thomas Karolak, en tant que chief digital officer, met les médias au numérique. Après la télévision et la radio, c'est au tour des Échos.

De la radio aux Échos, Thomas Karolak a délaissé un centimètre de barbe, peut-être deux – l’homme est agile. Mais il conserve son ADN, celui d’un boulimique de numérique qui «digitalise» tout ce qu’il touche. En dix-sept ans: M6, Vivendi, TF1, RTL et maintenant, donc, le premier quotidien économique de France, dont il est le chief digital officer (CDO) depuis janvier.

Faire beaucoup avec peu

«Dans sa génération, c’est l’un des premiers à avoir été 100% digital», considère Xavier Spender, son premier patron chez M6 Web. C’est là, dans le web bouillonnant et effervescent de l’an 2000, que sa carrière émerge. Un an plus tôt, une lettre le convoque au service militaire et le stoppe dans son élan. Cinq mois après, rappelé par la chaîne M6, il se fend à son tour d’une missive qui atterrit sur le bureau d’Alain Richard, alors ministre de la Défense. De retour chez M6 Web, sur un «plateau géant avec à peine cinq personnes», il met les mains dans le cambouis. Chef de projet et de produit à l’époque de Loft Story, Thomas Karolak développe entre autres l’audiotel et apprend à faire beaucoup avec peu: pour économiser les droits d’auteurs, ce musicien dans la vie privée (batterie et piano) utilise ses talents et compose des sonneries. Il tourne même dans un spot publicitaire. «Il aime faire et ne compte pas ses heures, quitte à finir à minuit avec des pizzas dans le bureau pour rendre sa copie le lendemain matin à 7 heures», témoigne Antoine Daccord, ex-collègue chez RTL Net, aujourd’hui directeur de la rédaction. De 2007 à 2011, il développe le mobile chez Vivendi, «sans se douter qu'il convergerait avec le web».

Polyvalence et intelligence

Fin 2011, Thomas Karolak rejoint E-TF1 pour développer l’IP TV. À l’époque, les prises de décision ne sont pas assez rapides pour celui qui mène la transformation tambour battant. «C’est une locomotive», confirme Pierre Cannet, à la tête du cabinet Blue Search, qui le suit depuis longtemps et l’a «chassé» pour Les Échos. «Il pense et avance.» Hyper-connecté (Facebook, Twitter, Linked In et Scoop.it) jusqu’à «très récemment», une remarque le ramène sur Terre lorsque son enfant de cinq ans lui demande s’il est vraiment avec lui. «Face à l’accélération permanente, surtout depuis dix ans, le poste de CDO demande de garder de la hauteur pour donner le cap», souligne Thomas Karolak. «Entrepreneur», aux yeux de Pierre Cannet, «aussi convaincant qu’exigeant» pour Antoine Daccord, Thomas Karolak possède la «polyvalence et l’intelligence», selon Xavier Spender, pour devenir un directeur général. Le jour où toute l’entreprise sera digitale.

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