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Fort de ses performances et acquisitions digitales, le groupe Le Figaro n'en oublie pas son métier premier d'éditeur. En 2018, il lancera, entre autres, trois nouveaux cahiers pour son quotidien Le Figaro ou encore la version print du Journal des femmes. Des lancements portés par un bon bilan 2017. Entretien avec le directeur général du groupe.

À l’ère du digital, ce début 2018 est marqué par le lancement du Journal des femmes en kiosques le 29 mars. Cet investissement sur le print est-il une tendance forte pour le groupe Le Figaro en 2018 ?

Marc Feuillée. Oui. Chaque année, nous essayons d’avoir des projets de développement ou des créations, éditoriales ou marketing. Et vous avez raison, il y en aura beaucoup sur le print au premier semestre 2018. Preuve que nous n’oublions pas notre métier fondateur, le journalisme. Et nous voulons travailler nos marques médias sur le print, même si nos activités digitales sont parmi les plus importantes en France.

Quel est votre investissement pour cette version papier ?

De l’ordre de 300 000 euros. Nous publierons quatre numéros en 2018 et l’on pourra monter en périodicité suivant les besoins. Le Journal des femmes est leader dans son univers digital avec 12,7 millions de visiteurs uniques sur trois écrans en octobre 2017. Cela amorce notre stratégie de faire exister un certain nombre de nos marques digitales sur le print selon un modèle à 360°. Le Figaro Madame développera aussi son offre de hors-série et sa collection de carnets. C’est Pierre Doncieux, créateur de Relaxnews, qui a intégré notre groupe et en coordonne la diversification print.

Le Figaro Magazine affiche -3,62% en diffusion France payée. Qu’allez-vous faire pour redresser ses ventes ?

En 2017, nous avons baissé le volume de ventes tiers mais notre portefeuille digital d’abonnés premium augmente. Le journal affiche un bénéfice de 3 millions en 2017, ce qui est rare pour un hebdo d‘actu. Nous allons le monter en gamme, en matière de mise en scène et de mise en page. Son directeur de la rédaction, Guillaume Roquette et Philippe Gruson [ex-Marie Claire], qui nous rejoint en qualité de directeur artistique, piloteront ces changements.

Quelles autres déclinaisons print allez-vous lancer ?

Celle du Journal du Net en créant un cahier Figaro Tech. Ce cahier de 8 à 12 pages, voire plus, mensuel, qui sortira au printemps sera une coproduction entre l’équipe du Journal du Net, forte de son expérience en ad tech et en e-commerce et celle du cahier saumon. Un autre cahier Figaro Immo verra le jour le 13 mars 2018, à l’occasion du salon Mipim. Il aura six numéros par an, axés sur l’actualité et le conseil. Ce lancement sera l’occasion d‘un rebranding de l’ensemble de nos activités sur l’immobilier avec Explorimmo, Explorimmoneuf et Propriétés Le Figaro. Enfin, nous déclinerons un cahier Figaro Décideurs, qui entrera en synergie avec nos activités de gestion d’emploi, via Figaro Classifieds, Viadeo et Cadremploi, marque qui réalise une année historique avec un chiffre d’affaires en hausse de +20 %. Autant de projets pour mettre en résonnance nos marques digitales avec leur expression imprimée.

Quelles sont vos performances sur le digital ?

 20 millions de visiteurs uniques pour LeFigaro.fr et 35 millions de visiteurs uniques pour le groupe Le Figaro en octobre 2017, ce qui nous place en quatrième position derrière Google, Facebook, et Microsoft. Nous sommes en première position en tant que groupe français, en audience et en chiffre d’affaires, avec nos marques Le Figaro.fr, L’Internaute, Droit-finances.net, la chaîne Santé, CCM, Le Journal du net. Et à l’international, nous affichons 60 millions de visiteurs uniques.

Avez-vous des projets de développement numérique ?

 Bien sûr, avec la refonte du site LeFigaro.fr au second semestre 2018, que l’on aborde avec précaution en tant que leader. Nous avons 80 000 abonnés premium, dont deux tiers à la formule avec les magazines. Nous allons valoriser la visibilité de cette offre et travailler sur la rapidité de l’affichage et des chargements sur le mobile.

 

Quelles sont vos initiatives sur votre pôle voyage individuel ?

Déjà, l’intégration de Marco Vasco. Cela représente 350 personnes et 120 millions d'euros de chiffre d’affaires pour 2018. Nous afficherons +18 % dans un marché du voyage sur mesure haut de gamme qui progresse de +5 à 7 %.

Côté vidéo, atteignez-vous vos objectifs ?

 Nous sommes passés de 8 millions à 38 millions de vidéos vues, avec quatre à cinq heures de direct. Il faut tirer les enseignements de cette saison et progresser sur la visibilité et la monétisation de cette activité sur tous nos écrans.

Votre bilan 2017 vous a-t-il rendu entreprenant ?

 L’année a été bonne, effectivement, avec un chiffre d’affaires en progression, à 550 millions d'euros en 2017, un résultat opérationnel de 34 millions d'euros (contre moins de 33 millions en 2016) et un cash flow opérationnel de 45 millions d’euros. Nous visons 620 millions de chiffre d’affaires en 2018 avec l’intégration de toutes ces activités et malgré l’investissement que nous faisons sur Viadeo (3 à 4 millions d’euros sur la partie techno). La part du digital est donc de 42 % de nos revenus et deux tiers de nos profits. Et la part du journal Le Figaro représente 20 %. Notre stratégie demeure la déclinaison de nos marques et leur interaction.

Quel bilan tirez-vous de votre alliance avec le groupe Le Monde via Skyline, qui commercialise votre couplage digital ? 

 Depuis son lancement en septembre, nous avons déjà 85 annonceurs et un million de factures. On pense multiplier ce chiffre par 3 ou 4 en 2018. Contrairement à Gravity qui agrège des opérateurs téléphoniques, nous sommes une alliance média.

Vous serez parmi les premières entreprises à initier un plan de rupture conventionnelle collective. Pour 40 à 50 postes ?

 Effectivement, sur nos 2000 collaborateurs, nous devons nous défaire de 40 à 50 postes sur les frais transverses et sur la chaîne d’impression. Mais nous embaucherons en parallèle 50 à 70 postes sur les nouveaux métiers de la data, du programmatique et sur le marketing direct. Nous devons nous adapter aux zones en forte croissance.

Quel regard portez-vous sur la crise que traverse Presstalis ?

 Je veux être optimiste. Notre groupe soutient le plan présenté par Michèle Benbunan, la PDG de Presstalis. Un plan original et pragmatique qui recueille le soutien de tous les éditeurs de quotidiens et d’une majorité d’éditeurs de magazines. Il va rechercher tout de suite des leviers d’économie. Mais pour être un succès durable, ce plan doit s’accompagner d’une réforme du système fondé sur une régularisation archaïque, à travers la loi Bichet qui date de 1947. Cette loi devait favoriser la diffusion des idées et elle se transforme en système kafkaïen que personne ne dirige et ne contrôle et où une farandole de petits acteurs décide de l’avenir de toute une filière. C’est le système qu’il faut changer. Les comportements déviants qui existent au niveau des éditeurs sont liés à cette organisation obsolète. Il faut qu’il y ait un changement profond du système.

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