Communication extérieure
Présidente de Clear Channel France, Boutaïna Araki veille à assurer le « reboot » de son entreprise en misant tout sur la relance. Après avoir été aux petits soins pendant le confinement.

La question lui est posée en live sur Teams par un employé de Clear Channel. «Quelle sécurité de l’emploi avons-nous?». La patronne, Boutaïna Araki, qui n’ignore rien de la «situation très préoccupante» de son média, a alors une même réponse: «Notre attention va vers le redémarrage de l’activité et la meilleure façon d’y arriver, c’est de tout mettre dans la relance». Sur les 995 salariés que compte son groupe, tous ont repris, au moins en partie, l’activité. Avec, jusqu’à cet été, les postes de bureau en télétravail.

L’attention n’est pas un vain mot chez cette fille d’universitaires marocains. Depuis le 25 février, date où elle a remplacé Philippe Baudillon à la tête d’une business unit de près de 300 millions d’euros de CA – la deuxième après les Etats-Unis -, son état des lieux ressemble à un état d’alerte. Dès le 15 mars, elle décide du confinement de toute l’entreprise pour limiter le risque sanitaire, adopte les mesures de chômage partiel et organise la vie des salariés à distance. Les plus bas salaires, inférieurs à 30 000 euros annuels, voient leurs revenus complétés par l’entreprise. L’ensemble des effectifs de bureau reçoit un guide du télétravail pendant qu’intranet est entièrement dédié au Plan de continuité de l’activité (PCA), avec conseils IT, bien être, e-learning…

Un management social

«Elle a un management assez social, agile, qui se veut équitable», constate Caroline Mériaux, directrice «market intelligence & communication», qui rappelle qu’elle sera du prochain Women in Tech. Loin de toute vision verticale, elle veille à créer une «task force PCA» avec les opérationnels du groupe (RH, finance, IT, communication, juridique). Tous les jours, elle supervise une réunion d’une demi-heure pour mesurer en temps réel l’efficacité de son «reboot». Et pour suivre l’état moral des troupes, elle n’hésite pas à expédier 17 newsletters en interne, à réaliser des enquêtes de satisfaction et à concevoir, avec Alter Ego, une hotline où les salariés peuvent appeler. Il faut dire que Boutaïna Araki a présidé pendant trois ans Affimétrie où elle s’est frottée aux agences médias et à la profession. Elle sait l’importance de faire remonter des données à l’heure des pistes à vélo et des horaires de transports contraints. «Il faudra être attentif à évaluer comment les nouvelles mobilités viennent modifier la valeur d’attention», note-t-elle.

Entrée à Clear Channel en 2011 en tant que directrice financière après avoir été l’équivalent chez CBS Outdoor, elle a une expérience de l’édition chez La Martinière comme de l’audiovisuel à Canal+. Mais c’est au «pilotage de la performance» en 2013 puis en tant que directrice générale trois ans plus tard qu’elle montre toute sa pugnacité de boxeuse amatrice. On la dit moins proche des agences créa et des annonceurs ? Qu’importe, cette fan d’opéra et de yoga saura se faire entendre. Et rester zen.

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