Design
Elle vient de livrer à M6 sa nouvelle identité visuelle, sur laquelle elle travaillait avec ses équipes depuis un an. Portrait de l'ancienne assistante de Gédéon, entreprise à l'expertise incontestée, dont elle est devenue la présidente.

Ne lui parlez pas d'habillage télé. Elle préfère le mot design, voire « grammaire graphique, sonore et visuelle » pour expliquer le travail que Gédéon vient de livrer à M6. L'entreprise a récemment oeuvré pour LCI, BFMTV, la plateforme jeunesse Okoo de France Télévisions, ADP, Ubisolft ou Accor. Son expertise incontestée permet à l'empire de s'étendre des médias (80% de l'activité) et de la production audiovisuelle aux grandes marques. Même si elle reste modeste, avec 1,7 million de chiffre d'affaires en 2019, l'entreprise gagne de plus de en plus de contrats à l'international où elle réalise désormais la moitié de son activité. La présidente n'arbore pas l'ombre d'un sourire satisfait, dans le loft de son entreprise, près de la Bourse, où elle officie. Elle est toute en discretion et sobriété, comme ses bureaux, ferronnerie noire sur mur blanc.

L'école de la débrouille

Fille d'un ingénieur télécom, née au Brésil, la dirigeante emplit l'espace d'une énergie solaire et bouillante. Elle a besoin d'épure pour créer.  Après avoir grandi en Indonésie, elle a vécu à Montpellier où elle rêve de l'école du Louvre ou de la Fémis. Mais Paris lui semble inatteignable, faute de moyens. Elle excelle dans l'école de la débrouille : serveuse en boîte de nuit, pionne ou au guichet du PMU « le plus rémunérateur grâce aux pourboires » rit-elle. De quoi financer son DEA de lettres sur « Distance, ironie et représentations dans Madame Bovary » de Flaubert. Ses amis lui prédisent une gamelle : c'est le domaine d'excellence de son professeur. « J'ai travaillé comme une chienne », avoue-t-elle, mention très bien en poche. Elle a posé les bases de sa vie professionnelle : passion, débrouille et hyperinvestissement.

Boîte iconoclaste

Elle monte à Paris, un DEA en économie de l'audiovisuel en ligne de mire. « À défaut de talent d'actrice ou de réalisatrice, je me suis rendue compte que ce qui me ferait triper serait d'aider les artistes à donner leur meilleur ». Un bon plan, aider une copine pour gérer les droits de Michel Berger et France Gall, se solde en plan galère. Mais elle y croise Rodolphe de Carini, au carnet d'adresses bien fourni. Il lui fait rencontrer des producteurs chez Gédéon. «Je rêvais d'aller dans cette boîte iconoclaste qui réalisait des films pub, les clips de Mylène Farmer signés par Laurent Boutonnat et qui avait le monopole du design des medias». Elle y entre comme assistante de production pour un mois. En vingt-quatre ans, elle a gravi tous les échelons et superposé toutes les casquettes, de commerciale à recruteuse puis manageuse. Elle la préside et en est la seule actionnaire depuis avril. Déjà sur le coup d'après, elle piste dans ses quinze salariés les « bras droits qui vont incarner la boîte »

Parcours

1989. Bac économie.

1996. Premier CDD chez Gédéon.

1998. L'entreprise est rachetée par Canal +. Pierre Lescure, PDG de la chaîne, en fait son laboratoire en R&D.

2002. Elle co-rachète, avec les trois autres producteurs-actionnaires l'entreprise à Canal+.

2012. Elle produit le long-métrage La vie d'une autre, signé Sylvie Testud, avec Juliette Binoche et Mathieu Kassovitz.

2020. Présidente de Gédéon communications, elle en est l'unique actionnaire.

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