Intégrer le sujet de la biodiversité dans la stratégie RSE des entreprises est aujourd'hui une nécessité. C’est une question de résilience, et de pérennité.

Aujourd'hui, six des neuf limites planétaires à ne pas dépasser pour assurer la stabilité et la résilience du système terrestre, et donc des conditions propices à la vie, ont été franchies (concept développé par une équipe internationale de scientifiques au sein du Stockholm Resilience Centre). Parmi ces limites d’ores et déjà franchies, l’une d’entre elles, considérée comme majeur, concerne la biodiversité.

Par ailleurs, atteindre les objectifs fixés par les accords de Paris passe impérativement par la préservation de nos écosystèmes. Des écosystèmes qui séquestrent le carbone. Dans les années 70, 100% de nos émissions étaient compensées par nos puits de carbone (forêts, océans et sols). Aujourd’hui, ce n’est le cas que pour 50% de nos émissions. Cela est dû à des émissions de gaz à effet de serre toujours plus importantes et une dégradation des écosystèmes trop avancée.

Avec un taux de disparition des espèces, aussi bien animales que végétales, 10 à 100 fois supérieur au taux naturel d’extinction, nous faisons face à la sixième crise d’extinction massive de la biodiversité. Les causes de cette érosion de la diversité biologique sont multiples : artificialisation des sols et urbanisation, surexploitation des ressources naturelles, changement climatique, pollutions... Mais elles ont toutes un point commun : des origines liées aux activités humaines.

Les bienfaits des services écosystémiques

À l’instar du changement climatique, nos activités économiques contribuent à l’érosion de la biodiversité, et sont directement touchées par leurs conséquences. Par ailleurs, notre économie repose sur la bonne santé des écosystèmes. Elle est en effet dépendante de la diversité biologique par les nombreux bénéfices qu’elle apporte. Des bénéfices appelés services écosystémiques.

Les services écosystémiques sont l’ensemble des services gratuits rendus par la nature dans un contexte de bon fonctionnement des écosystèmes. Selon le World Economic Forum, plus de la moitié du PIB mondial, soit environ 44 000 milliards de dollars, dépend de la nature et des services écosystémiques. Parmi eux, nous différencions les services de régulation (régulation du climat, des océans, des événements climatiques extrêmes, des maladies, qualité de l’air, des sols...), les services culturels et sociaux, et les services d’approvisionnement (matériaux, alimentation, ressources médicales, énergie...).

Afin de pouvoir continuer à bénéficier de ces services indispensables et pérenniser leurs activités, les entreprises doivent agir. Elles ont pour cela un outil plutôt bien démocratisé : la stratégie RSE. Une stratégie qui se devrait d’être intégré à la stratégie de l’entreprise, et incluant les enjeux liés à la biodiversité.

Les indispensables pour une stratégie «biodiversité» pertinente

En prérequis, la formation semble primordiale afin de bien comprendre et appréhender les sujets liés à la biodiversité et à nos écosystèmes. Ces thèmes sont encore trop peu ou mal perçus, avec par exemple des raccourcis entre la biodiversité et la gestion des espaces verts, ou une méconnaissance des interrelations entre biodiversité et entreprises. La première étape indispensable pour élaborer une stratégie adaptée et efficace est d’identifier ses pressions et ses dépendances vis-à-vis de la biodiversité, notamment en évaluant ses interactions avec la biodiversité, son empreinte biodiversité, mais aussi de définir les risques et les opportunités liées (réglementaires, opérationnelles, en termes d’image...), et de prioriser tous ces enjeux.

Fort de ses éléments, il s’agit alors de s’engager en définissant des objectifs transparents, fondés sur des données scientifiques, aussi bien quantitatives que qualitatives, et une trajectoire de réduction de ses impacts alignée avec les objectifs nationaux et internationaux.

Dans toute cette démarche, il semble essentiel de s’appuyer sur des cadres ou référentiels existants, comme la TNFD (Taskforce on Nature-related Financial Disclosures) ou SBT (Science Based Targets), et des outils, comme le GBS (Global Biodiversity Score) ou l’ACV biodiversité (analyse de cycle de vie). Des cadres et des outils qui ont leur pendant, déjà popularisé dans les stratégies RSE, autour des enjeux liés aux émissions carbone. Par ailleurs, la question de la biodiversité pour les organisations se traite à différentes échelles : local, c’est-à-dire à l’échelle d’un site, et global, c’est-à-dire au niveau de sa ou ses filières, et de sa chaîne de valeur.

Des stratégies «biodiversité» encore trop absentes ou timides

Aujourd’hui, la question des services écosystémiques et de la biodiversité n’est, en grande majorité, pas traitée par les entreprises. Lorsqu’elle l’est, les moyens et les ressources mises ne sont pas à la hauteur des enjeux et des risques.

Pourtant, les raisons de s’y mettre sont nombreuses. Tout d’abord, afin de répondre aux exigences réglementaires et anticiper leurs évolutions, à l’image de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) ou encore de la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), et notamment leurs obligations de reporting sur le sujet de la biodiversité, ou encore la RDUE (Règlement sur la Déforestation de l'Union Européenne).

Sécurisation de sa chaîne de valeur, de ses approvisionnements, marque employeur et attentes des salariés, opportunités et attentes des investisseurs… Ce sont autant d’autres motivations pour intégrer sérieusement le sujet de la biodiversité dans la stratégie RSE des entreprises, et plus largement, dans leur stratégie globale. C’est une question de résilience, et de pérennité.

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