Certaines entreprises ressentent un détachement de leurs employés vis-à-vis de leur travail et certains salariés semblent avoir perdu le sens de leur travail. Comment renouer le lien ?

Trois ans après la période covid, le monde de l’emploi continue de voir évoluer le travail hybride. Si les avantages sont nombreux pour les entreprises et les salariés, qui ont découvert une nouvelle façon d’organiser leur vie professionnelle et privée, la situation semble être parfois plus contrastée. Certaines entreprises ressentent un détachement de leurs employés vis-à-vis de leur travail et certains salariés semblent avoir perdu le sens de leur travail et voient en l'arrivée de l'intelligence artificielle une menace pour leur emploi.

Et ce n’est pas sans conséquence. Après la «grande démission» qui a touché la France courant 2022, l’impact économique et social commence à être ressenti par de nombreuses entreprises qui peinent à recruter et conserver leurs salariés. Dans ce contexte, beaucoup s’interrogent sur la réponse à donner en termes de gestion des ressources humaines. L’expérience employée pourrait-elle être la réponse adéquate à la pénurie et au maintien des talents dans l’entreprise ?

Alors que de nombreux employés sont revenus travailler avec un plaisir non dissimulé, finalement l’euphorie liée au retour dans les bureaux semble avoir été de courte durée. En effet, de nombreux salariés ont souhaité continuer la mise en place du 100% à distance, et une grande majorité a conservé un arrangement de travail hybride.

Alors qu’au départ les entreprises semblaient ouvertes sur le sujet, après de nombreux mois d’expérience, la question commence à diviser les dirigeants et managers qui peinent à motiver leurs équipes à distance. Toutefois, les avantages pour l’entreprise et pour les salariés semblaient concorder : baisse des coûts de transport et économies de bureaux pour l’organisation ; diminution du temps de trajet domicile-entreprise et meilleure gestion de la vie privée pour les employés.

Néanmoins, les dirigeants se heurtent à des difficultés accrues lorsqu'il s'agit de recruter, malgré le fait que de nombreuses entreprises réexaminent leur approche de la gestion des ressources humaines et de l'organisation afin de mieux satisfaire leurs collaborateurs. Finalement la question tourne-t-elle vraiment autour de la présence des salariés dans l’enceinte de l’entreprise ? Il semble que non, mais il s’agit en réalité de la transformation des missions en elles-mêmes et de l’évolution du travail dans sa globalité.

Une accélération de l’innovation qui n’est pas maîtrisée

Entre-temps un autre facteur s’est ajouté à l’équation : l’automatisation. De nombreux salariés ont vu leurs missions bousculées par l’arrivée de l’intelligence artificielle. Son adoption a littéralement transformé les modes de travail, et ce, particulièrement dans le domaine de la relation client avec l’usage généralisé des chatbots. Aujourd’hui, ces nouvelles technologies ne cessent de se perfectionner pour apporter aux clients toujours plus de personnalisation et de réactivité, et aux salariés un gain en termes de coût de gestion et en rapidité d’intervention auprès des clients.

Pour autant, les salariés ne voient pas toujours d’un bon œil l’arrivée de ces technologies. Un employé sur quatre est méfiant vis-à-vis de son employeur au sujet de la question de l’intégration de l’IA dans l’entreprise, selon une étude menée par Slack. C'est d’autant plus vrai que pour une majorité de salariés, l’IA a été imposée sans être réellement expliquée. Face à une technologie qui évolue à une vitesse effrénée, les employés s’adaptent en grande partie seuls sans réelle précision ou intervention de la part de leur direction. Beaucoup se retrouvent démunis face à ce nouvel outil de travail qu’ils ne maîtrisent pas.

Quand la satisfaction client passe par l’expérience employé

Face à cela, les organisations, qui ont pris conscience du problème, multiplient les solutions pour enrayer cette dynamique négative. Certaines font le choix d’imposer une présence obligatoire dans les locaux à 100%, tandis que d’autres ne le font que partiellement. Ces mesures sont ouvertement décriées dans l’opinion publique et aucune étude ne montre des résultats concluants. La suppression partielle ou totale de ce que les employés estiment comme un avantage n’apparait pas comme une solution d’optimisation de la relation emploi-salariés, au contraire. Le regard des dirigeants doit vraisemblablement se tourner vers la satisfaction de leurs employés pour régénérer chez eux une implication formelle.

Il est vrai que les organisations ont pendant longtemps accordé toute leur attention à l’amélioration de l’expérience client. Aujourd’hui, il apparaît évident que leur attention doit également se porter sur l’expérience employée. D’autant plus, que la satisfaction client passe avant tout par leur relation avec par eux. Intrinsèquement liées, les entreprises doivent reconsidérer leur gouvernance. Permettre aux employés d’obtenir un matériel de travail adéquat pour être opérationnels à distance autant que sur le lieu de travail semble être une première réponse. Mais former les salariés afin qu’ils maîtrisent leurs nouveaux outils, et ce particulièrement vis-à-vis de l’utilisation de l’IA, semble l’étape suivante.

Il est donc véritablement important que les entreprises s’emploient à poursuivre leurs efforts dans l’acquisition d’outils performants pour que leurs employés bénéficient de bonnes conditions de travail. Mais également qu’elles s’appuient sur le développement des compétences de leurs collaborateurs afin qu’ils maîtrisent l’utilisation des dispositifs avec lesquels ils travaillent. L’IA doit devenir pour eux un vecteur de perfectionnement et non rester une source de démotivation.

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