Culture
Thomas Lilti, le réalisateur du film puis de la série Hippocrate, commence sa vie d'adulte en tant que médecin tout en cultivant sa passion pour le cinéma. Malgré un premier échec, ses productions connaîtront un succès retentissant.

« J’ai un parcours classique et en même temps atypique », résume-t-il vaguement. Connu pour son travail en tant que réalisateur, Thomas Lilti est avant tout toubib : « J’avais déjà très envie de faire du cinéma à l’époque mais je n’ai pas eu le courage de le dire à mes parents. » Son père étant médecin lui-même, il a préféré suivre les traces du patriarche sans mettre de côté sa passion. En parallèle de ses études, il produit des courts métrages en tant qu'amateur.

C’est au moment de soutenir sa thèse - alors qu’il était interne en médecine - qu’il réalise son premier long métrage Les yeux bandés. Un film sombre qui n’a pas connu le succès escompté. Au lieu de s’avouer vaincu, il s’accroche en s’appuyant sur son domaine de prédilection, la blouse. Il sort en 2014 son deuxième long métrage, Hippocrate.

Prise de confiance

« Au fond, j’ai fait mon premier film comme je pensais qu’il "fallait" réaliser un film. Pour Hippocrate, j’ai tout lâché et j’ai suivi mon instinct. J’ai pris confiance en moi. » Suivront deux autres longs métrages, Médecin de campagne et Première année. Tous ont connu le succès dont des nominations aux Césars.

En mars 2020, l’épidémie le pousse à remettre sa blouse de médecin et à donner un coup de main. Mais la réalité est tellement violente qu’il en fait un livre Le Serment, sorti en 2021, où il saisit ce monde hospitalier à l’agonie. Un milieu précaire, dont il parlait déjà en 2018 dans la première saison de sa série Hippocrate. « C’était une sorte de métaphore du covid avant même qu’il arrive. Mes productions pressentent ce qu’il va arriver, bien malgré moi. »

« Médecin avant tout »

Chez lui, prédomine l'envie de tester et de ne jamais tomber dans l’ennui. Jusqu’à le tirailler. « Je me sens réalisateur chez les médecins et vice-versa. Ma légitimité est toujours un peu contrariée. Mais si on me demande mon métier de la rue, je suis médecin avant tout. » Géraldine Nakache dit qu’on ne peut pas sortir d’un de ses tournages sans un diagnostic et une ordonnance. Mais le réalisateur l’assure, son prochain film ne traitera pas ce sujet.

En 2018, la société de production Frenzy repère le prodige et lui propose d'ajouter une corde à son arc : la production publicitaire. Seulement voilà, il attend la bonne proposition. Ouvert à l'avenir. Parmi ses trois enfants, l'aîné ne sait pas, à près de 18 ans, ce qu’il fera après le bac. Suivre les traces du père dans le cinéma ? « Ce qui me ferait peur c’est que mes enfants fassent du cinéma par facilité, mais ils sont trop intelligents pour ça. Quoi qu’ils fassent, je les encouragerai. » Lorsque notre photographe arrive et demande l’accord du réalisateur pour des photos décalées, il prévient : « Ok mais je garde ma tenue. Je porte toujours une chemise bleue et un pantalon bleu. » Un bleu de réal après la blouse blanche ?

Parcours :

1976. Naissance à La Celle-Saint-Cloud (78)

1999. Interne en médecine.

2004. Sortie du film Les yeux bandés.

2014. Sortie du film Hippocrate.

2020. Chevalier de la Légion d’honneur.

2021. Publication de son livre Le Serment.

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