Télévision
Ancien patron de Canal+ Pologne, Julien Verley à la haute main sur les activités commerciales de France Télévisions. À lui la charge de transformer en or les programmes du groupe. Il suit à ce titre le lancement de Salto.

La régie publicitaire, la filiale de distribution, les studios de production ou la future plate-forme de vidéo à la demande par abonnement Salto, c'est lui. À 50 ans, Julien Verley veille sur un pactole de 550 millions de recettes, dont 400 via France Télévisions Publicité, dont il salue un gain de 4% de chiffre d'affaires publicitaire au premier semestre quand le marché est à +2%. De quoi compenser 17 millions d'euros de manque à gagner après l'interdiction de la publicité dans les programmes jeunesse. Sa contribution à cette croissance ? « La régie est d'autant plus performante qu'elle ne m'a pas sur le dos, répond-il, je suis là pour encourager, accompagner. Ce que j'essaye d'apporter, c'est de la cohérence et de la direction stratégique. » Le dirigeant propose aussi des « projets audacieux » comme de réinventer le livre audio avec musique et voix multiples en profitant de la société de doublage du groupe.

Polyphonique, la carrière de Julien Verley l’est tout autant. Après des études en droit et finances, il travaille d’abord avec Jean-Charles Naouri, un virtuose des affaires auquel il doit beaucoup. Puis, c’est Moulinex où il est « attiré par la situation de transformation » de l’entreprise, avant de rejoindre le secteur de l’agrochimie en intégrant Rhône-Poulenc, alors en pleine fusion avec Hoechst pour donner Aventis. C’est là qu’il rencontre Bertrand Meheut, qui l’appelle à ses côtés à Canal+ en 2006, pour les négociations de rachat de TPS.

Fiction, docu et animation

Il reste sept ans au sein du groupe crypté en tant que directeur financier, stratégique et du développement. Puis négocie la vente à Bolloré des chaînes D8 et D17 avant de partir diriger et restructurer Canal+ Pologne de 2012 à 2015. Là, ce père de quatre enfants de 4 à 22 ans fait tous les week-ends le retour à Paris. Il se paye le luxe de refuser à Vincent Bolloré le poste de directeur financier de Vivendi et réintègre le directoire de Canal+ pour s’occuper de distribution. Mais, en désaccord stratégique sur le modèle économique, il quitte le groupe en 2016 et devient consultant pour France Télévisions sur son projet de plateforme payante.

Sa conviction ? La future Salto devra être payante : 2 à 3 euros par mois pour accéder au live et au replay ; 6 à 8 euros pour la SVOD. Et il ne sert à rien de se poser en « Netflix à la française », auquel il est difficile de faire face. Mais sur la fiction, le docu ou l’animation, la France a une carte à jouer. Une dizaine de producteurs ont déjà été embarqués sur un accord 80/20 en faveur de l’éditeur. « On a sécurisé les droits avec un modèle hyper-vertueux pour apporter une expérience de télévision enrichie », souligne-t-il. Son rêve ? « Une alliance entre acteurs publics de la distribution », comme la ZDF ou la Raï. Vendre à tous, en France, sauf à Netflix.



Parcours

1990. Rejoint le fonds Euris de Jean-Charles Naouri.

1998. Directeur corporate Finance puis des fusions acquisitions chez Aventis.

2001. Directeur général de BioSciences (Aventis).

2003. Directeur du financement de Sanofi, après son rachat d'Aventis.

2006. Directeur général adjoint finance et stratégie, groupe Canal+.

2012. Directeur général NC+ (Canal+ Pologne).

2015. Directeur distribution et technologie chez Canal+.

Mai 2017. Directeur du développement commercial de France Télévisions.

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