Dans la lignée de l’opération primée de 2021, l’Agence de développement touristique de la Corrèze et Campagnes & Cie dévoilent un nouvel opus. Le but : mieux cacher pour attirer. 

Tous les scénaristes dignes de ce nom acquiesceront : entretenir le mystère retient l’attention. La Corrèze, terre de rugby, de gastronomie, de présidents mais aussi destination touristique loin d’être la plus prisée dans l’Hexagone, l’a compris. Preuve en est, la campagne en cours faisant la promotion du territoire, développée par Campagnes & Cie pour le compte de l’Agence de développement et de réservation touristiques de la Corrèze, dans laquelle de faux influenceurs ne parviennent jamais à révéler leurs meilleurs conseils de voyage.

Point commun de ces trois films : des éléments extérieurs qui empêchent systématiquement le public de connaître les lieux idylliques mis en lumière. « La Corrèze est un petit département d’un point de vue touristique. Le but est de prendre le contrepied et faire de cette faiblesse supposée une force, en l’occurrence ce côté secret et préservé qui incarne l’anti-tourisme de masse », contextualise Brigitte Bleuler, directrice associée de Campagnes & Cie.  

Budget restreint

Dans la première vidéo, les cris perçants d’un Milan royal couvrent la voix d’un influenceur à casquette essayant tant bien que mal de donner le nom d’un belvédère spectaculaire dominant les méandres d’une rivière. Dans la seconde, des vaches et un taureau, trop absorbés à brouter, bouchent le champ de la caméra au pire des moments, éclipsant la vue sur un village médiéval haut perché dont le nom allait être révélé. Enfin, dans la troisième vidéo, une influenceuse, impatiente de faire découvrir à ses followers un lieu méconnu et instagrammable à souhait, se heurte au phrasé incompréhensible d’un local censé révéler le pot aux roses. En d’autres termes, « le but est de cacher sans trop cacher », synthétise Pierre-Yves Demarcq, directeur de création de l’agence, quant à une opération à petit budget (200 000 euros) s’inscrivant dans la lignée de la campagne remarquée de 2021 (#CHUT Corrèze secrète).

« C’est ce budget qui explique notamment que nous ayons dû recourir à des images de synthèse pour le Milan royal plutôt qu’à un dresseur et son rapace. Il y avait des milans sur place mais attendre que l’un d’eux descende dans le champ au bon moment était impossible », reprend-il au sujet de vidéos issues de deux jours de tournage avec le concours de la société de production Motion Palace. « Il faut saluer le réalisateur Benjamin Malherbe, dont la nièce a d’ailleurs suppléé au pied levé l’actrice sélectionnée le jour J. Je pense en particulier à la vidéo avec les vaches et le taureau qui a nécessité des dizaines de prises entre les sons parasites de la route proche et des bovins qu’on imaginait plus dociles », complète Cédric Morvan, directeur artistique de Campagnes & Cie. Car si le recrutement des acteurs a fait consensus – « trois sortaient du lot avec ce côté un peu agaçant de l’influenceur », rembobine Pierre-Yves Demarcq –, recruter des bovins et leur propriétaire n’aura pas été chose aisée. 

Stratégie atypique

« Corrèze Tourisme a été d’une grande aide à ce niveau-là et plus largement. Il est important de souligner le courage d’un client qui accepte de privilégier une stratégie contraire à celle des concurrents, c’est-à-dire cacher ce qu’il y a de plus beau à montrer », se réjouit le créatif à propos d’une campagne déployée notamment en TV segmentée et replay ou encore sur YouTube à l’échelle nationale. Cibles prioritaires : plusieurs bassins géographiques (Ile-de-France, Grand Ouest...) de même que des profils classiques (familles, seniors) ou en devenir (tourisme écoresponsable). De quoi garder le secret juste ce qu’il faut.